Le croyant n'accède à cette certitude de la connaissance qu'après s'être extrait de son égoïté pour se rapprocher de l'Etre divin. C'est à cela que fait allusion cette parole prophétique : «Mourrez avant de mourir ». La première mort est l'extinction enlâ illâha illal-lâh (l'extinction en l'Etre) (fanâ-u) et la deuxième, la mort physique. Il est fait mention de ce rapprochement dans une très sainte tradition (hadith qudsî) : « Ceux qui se rapprochent de Moi n'ont jamais mieux fait qu'en accomplissant ce que J'ai prescrit pour eux. Et le serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi en multipliant les œuvres surérogatoires jusqu'à ce que Je l'aime. Et lorsque Je l'aime, Je suis son ouïe, sa vue, sa main et son soutien. Par Moi il entend, par Moi il voit et par Moi il saisit. » Il se produit ainsi l'extinction (fanâ-u) en l'Essence divine (az-zâtu). A l'extinction succède la surexistence (baqâ-u) en Muhammadu rassûlulâhi (sas) : C'est la surexistence en les Attributs divins (as-sifât).
Cette surexistence est aussi contemplation de l'Unité dans la multitude des formes (wâhidiyyatu), dans la vision même de l'Unité.› Cette expérience réalisée, le Maître place le disciple dans la perspective : «iyâka na 'budu, waiyâka nasta 'înu» (C'est Toi que nous adorons, et c'est par Toi que nous T'adorons). La première partie de ce verset est le lot du commun des musulmans (al-'âm) et la seconde, un privilège accordé à l'élite (al-khâsu). Au terme de son cheminement l'individu n'aura de cesse de faire un parcours incessant entre ces trois stations.